Portrait de Voiles et Voiliers - Axel Tréhin, constructeur-navigateur a « rendu son rêve accessible »

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Class40. Axel Tréhin, constructeur-navigateur a « rendu son rêve accessible »

Voilà plus d’un mois que le Class40 d’Axel Tréhin est à l’eau. Le 162, sister-ship du Crédit Mutuel de Ian Lipinski est le deuxième plan David Raison à toucher l’eau. Son skipper a activement participé à sa construction, pour réduire les coûts mais surtout par passion. Il a d’ailleurs décidé de tout expliquer et tout montrer ou presque.

Laurène COROLLER.

Publié le 04/03/2021 à 14h48

 

Pour ceux qui s’intéressent à la construction de bateau de course, le site d’Axel Tréhin est une vraie mine d’or. Sans rire. On y trouve tout le procédé de construction de son Class40, détaillé étape par étape avec pédagogie. « On a essayé de se différencier des autres projets », explique l’intéressé. C’est que le garçon sait de quoi il parle. Après avoir retapé deux Mini et construit son dernier 6.50 seul dans son hangar, le deuxième de la Mini-Transat 2019 en Proto s’est lancé dans la construction d’un Class40, un plan David Raison, sister-ship du Crédit Mutuel de Ian Lipinski. Mais cette fois-ci avec un bon coup de main. « Travailler avec le chantier JPS m’enchantait. On peut dire qu’il est une référence en matière de construction de Class40. En plus, il se situe à côté de chez moi [Axel vit à Auray, ndlr] et l’aspect travail local est important pour moi. JPS a construit le pont et la coque et moi de mon côté les structures. Puis j’ai contribué à l’assemblage avec les équipes. »

C’était pour moi le moyen de rendre le rêve accessible.

N’empêche. Même s’il n’était pas seul cette fois-ci, il y a passé des heures, les mains dans la résine. « J’ai été attiré par la course au large très jeune. Du coup, je me suis vite orienté vers une formation dans la construction navale. » Car à défaut d’avoir de l’argent et des partenaires, Axel Tréhin a des mains et un savoir-faire. « C’était pour moi le moyen de rendre le rêve accessible. »

 

Trois mois avant le départ, je n’avais toujours pas de partenaire

Petit retour en arrière. 2013. Axel Tréhin – diplômé d’une licence pro mise en œuvre des matériaux composites – participe à sa première Mini-Transat. Il a 25 ans et il navigue à bord d’un prototype en bois, le 229, qu’il a retapé pendant deux ans seul dans son garage. 2014, il rachète un autre prototype, le 716. Un plan Lombard qu’il récupère pour une bouchée de pain à l’état d’épave. S’ensuivent huit mois de chantier pour être au départ de la Mini-Transat 2015 à Douarnenez. Il termine 4e au classement général, frustré d’avoir loupé le podium de peu. 2017, il entreprend la construction du 945. Après 3 292 heures passées pour construire son bateau, le Morbihannais s’apprête à prendre le départ de la Mini-Transat 2019. Sans sponsor. « Trois mois avant le départ, je n’avais toujours pas de partenaire », raconte-t-il. Pourtant, il fait figure de favori. « Je me suis dit que quitte à avoir un bateau et des voiles blanches, je pouvais porter un message qui me tient à cœur. Comme beaucoup, j’ai été spectateur de la pollution des océans. Je voulais donc mettre en avant un message pour pousser à prendre conscience de la présence des déchets dans les océans. J’ai finalement trouvé des partenaires qui avaient envie de s’associer à ce message tout en donnant la visibilité à l’association Project Rescue Ocean. » Après avoir remporté la première étape, Axel Tréhin termine deuxième de la Mini-Transat en prototype. Avec déjà une idée derrière la tête.

 

Après huit années dans la Classe Mini, Axel Tréhin veut passer à autre chose, de plus grand. Ce sera le Class40. « C’est la suite logique en course au large. » Ses partenaires veulent le suivre. Le marin a un budget assez serré, entre 650 et 750 000,00 €, mais suffisant pour lui permettre de faire construire une grosse partie chez JPS. « La première grosse différence avec la construction du Mini, c’est l’utilisation de la fibre de verre qui remplace le carbone. La deuxième, c’est la construction en infusion alors qu’en Mini c’était par voie humide. » Il détaille sur son site : « Au lieu de multiplier les étapes pendant lesquelles on imprègne chacun des tissus les uns après les autres, on drape tous les tissus « à sec », avant de les imprégner de résine aspirée par le vide tiré en périphérie de la pièce. Gain de temps, de productivité, de confort de travail, mais en contrepartie une concentration des risques dans l’exécution de l’étape finale, l’imprégnation de résine. »

 

On a également inclus des fibres biosourcées de lin

Une construction maîtrisée donc mais qui dit nouveau bateau, dit nouveaux déchets... « Si on suit à fond l’idée du message que l’on porte, on ne fait plus rien. J’ai tout de même fait attention pendant la phase de construction à limiter les déchets. La construction en infusion va dans ce sens. On a également inclus des fibres biosourcées de lin dans les structures. On ne peut pas encore faire de bateau recyclable malheureusement. Mais ça reste une fierté d’avoir apporté un peu de ces nouveaux matériaux chez JPS pour les faire découvrir à des strateux habitués à la fibre de verre et de carbone. »

 

Le 23 janvier dernier, le Class40 162 est mis à l’eau à La Trinité-sur-Mer. Nicolas Groleau, directeur du chantier JPS et David Raison, l’architecte, sont présents. « Tu as probablement le meilleur plan Raison pour l’instant », ironise le premier. En effet, ce deuxième scow signé Raison a bénéficié du retour d’expérience d’Ian Lipinski« On a essayé d’optimiser le bateau sur des détails pour le perfectionner mais vraiment sur des détails. C’est un bateau bien né. » C’est d’ailleurs pour cela que son choix s’est orienté vers un plan Raison plutôt qu’un Manuard. « Quand j’ai décidé de me lancer en Class40, j’avais le choix entre les deux. Selon moi, ce n’est que mon interprétation de coureur, le Mach 40 est parfait pour les courses d’avant saison avec des conditions plus clémentes. Alors que le plan Raison est plus adapté pour le large. Le bateau passe mieux dans la mer formée. »

 

Kevin Escoffier invité à bord

Les premières navigations ont déjà commencé. Après les vérifications de rigueur, Axel Tréhin et Fred Denis, vainqueur de la Mini-Transat 2015 qui sera son co-skipper pour la Transat Jacques Vabre en novembre prochain, entrent maintenant dans la phase optimisation. Kevin Escoffier est d’ailleurs venu apporter son expertise. Une visite d’autant plus importante que c’est sa première sortie en mer depuis son naufrage. « La semaine prochaine, ce sera Thomas Coville. Ce sont des marins qui ont des expériences riches et ce sont de fins techniciens. Ils savent comment est construit un bateau et leur expérience permet de confirmer nos choix. »

Après un an passé enfermé entre son hangar et le chantier JPS, l’année 2021 s’annonce riche avec beaucoup de navigations et de courses au programme dont l’ArMen Race, la Rolex Fastnet, la Normandy Channel Race et d’autres encore, avant la Transat Jacques Vabre comme apogée de la saison. Et même si l’envie de large le titille, le constructeur-navigateur peut déjà se contenter du beau travail accompli. « Ce que j’aime, c’est partir d’un bidon de résine, et de tissus, pour créer un bateau de toutes pièces. »

NB : Axel Tréhin est actuellement à la recherche de nouveaux partenaires pour l’aider dans son projet. Pour lui donner un coup de pouce, c’est par ici.

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TY STARTIGENN

Axel TREHIN

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axel.trehin@gmail.com

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