Moyens de communication ultra-limités et conditions de vie extrêmes font de la Mini-Transat une course au large atypique et singulière. Une course qui se raconte après coup. Qui doit être digérée et analysée, refaite inlassablement entre concurrents jusque tard dans la nuit.
Quelques jours après l’arrivée de cette première étape, la nécessité de trouver les mots pour partager cette expérience extraordinaire se fait bien sentir. Cette course est un rêve ancré en moi comme une seconde nature et vous êtes nombreux à m’avoir permis de le concrétiser aujourd’hui et de le vivre pleinement.
A vous tous, MERCI.
Départ ponton aux aurores, l'émotion est forte !
Larguer les amarres...
Douarnenez, 19 septembre. C’est un moment d’une intensité rare, un sentiment de bonheur plein… Au lancement de ce second projet, l’objectif que je m’étais fixé était d’arriver au départ de la Transat en pouvant prétendre aux premières places. Je sens cet objectif atteint, et cette certitude me donne énormément de confiance et décuple mon envie de bien faire. Il ne me reste plus qu’à prendre du plaisir sur l’eau et le moins que l’on puisse dire c’est que les conditions météos annoncés me réjouissent…
Les derniers instants sur le ponton se savourent, s’étirent. Mais une fois sur l’eau, c’est la course qui prend tout de suite le dessus. Repérage du parcours, de la direction du vent, prise de repères pour le réglage du bateau… Les dernières minutes à tourner en rond derrière la ligne semblent une éternité, d’autant que nous sommes 70 à ronger notre frein et que nous naviguons très proches les uns des autres.
1250 Nm devant l'étrave... - Crédit photo : Christophe Breschi
Bon départ ! (ou presque...)
Je prends un départ « prudent » (comprendre à la bourre !) mais du bon côté de la ligne. La vitesse du bateau me permet vite d’espérer pouvoir enrouler la première marque de parcours dans le premier quart de la flotte. Je gère au plus mal ma trajectoire d’approche de la bouée et finis par accrocher son mouillage avec ma quille pendulée au vent… Je choque les voiles, tente une marche arrière sans grand succès, essaye de dégager le bout à la main… Il y a un tour dans la quille et hormis plonger ou couper le mouillage, je ne vois pas franchement d’autres solutions… La position est pour le moins inconfortable, je dois laisser l’ensemble de la flotte me contourner et j’ai peur pour mes safrans !
Je finis par me libérer en coupant le mouillage, je remets le bateau en route et essaye de poser mon esprit. J’enclenche le pilote qui met aussitôt la barre dans l’angle. Un coup d’œil à son boitier de commande me permet de comprendre que dans les mouvements de barre un peu brusques effectués quand j’étais coincé dans la bouée, le capteur d’angle de barre s’est retourné de 180°… Je plonge à l’intérieur du bateau qui a déjà viré de bord sans prévenir et réussi à remettre le capteur dans le bon sens… quand je ressors sur le pont le bateau a complété sa rotation sur lui-même, je reprends la barre et remets (enfin) la machine en route !
Rester concentré...
Le niveau de stress est monté assez haut entre le départ en lui-même et cet incident à peine quelques minutes plus tard mais je me surprends à garder un calme relatif, les premiers sont loin désormais mais le gros de la flotte est à portée d’étrave… Avant la seconde bouée les choses sont claires dans ma tête : « Ça part de là : objectif retour dans le paquet de tête avant le Raz de Sein… ».
Je complète le parcours spectacle avant d’entamer une longue remontée au près vers la sortie de la baie de Douarnenez. J’ai de bonnes sensations à bord et le bateau va vite, très vite même. Peu avant la pointe du Van j’ai soudain un trou en vitesse, je fais le tour des appendices (safrans, dérive, quille) et me rend compte que j’ai un gros paquet d’algues dans la quille. Je les dégage non sans mal à l’aide de ma canne à algues et concède quelques longueurs à mes adversaires directs. Le vent adonne sous le Cap de la chèvre et les gennakers sont de sortie, nous passons même sous grand spi devant la Baie des trépassés. De retour dans le top 10 au Raz de Sein, la mésaventure du départ est oubliée et nous attaquons la première partie du parcours en direction du Cap Finisterre...
Enfin le large... ! - Crédit photo : Christophe Breschi
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