« Seule la victoire est belle ». Cinq petits mots prononcés sur un ponton guadeloupéen en 1978, et qui sont entrés dans l’histoire de la Route du Rhum et du sport en général. Pourquoi ? Parce qu’ils résument parfaitement ce que nous, la curieuse espèce des compétiteurs viscéraux, avons toujours en tête, quel que soit le domaine dans lequel nous nous lançons…

Quand je prends le départ d’une course, c’est toujours pour la gagner. Je ne pense pas que ce soit un manque d’humilité – je reste quand même lucide sur le fait que nous sommes un sacré paquet de cinglés à avoir le même logiciel jusqu’au-boutiste en tête – mais plutôt une nature profonde qui n’a pas d’explication rationnelle, et vient nourrir cette fringale permanente à l’idée de pousser le curseur toujours un peu plus loin…

Quelques jours après l’arrivée de ma première Route du Rhum - Destination Guadeloupe, je suis évidemment frustré quand je vois ce numéro 10 accolé à ma trombine dans le classement. Il y a quelques années encore – voire quelques mois – j’aurais sûrement gardé la mâchoire serrée quelques longues journées (très longues pour mon entourage) en ruminant. Mais chaque transatlantique est une aventure qui nous transforme, nous fait évoluer en tant que sportif, marin, mais surtout bonhomme. Ma Route du Rhum 2022 me donne un peu envie, pour la première fois de ma vie, de légèrement amender les propos de Michel Malinosvsky – j’espère qu’il ne m’en tiendra pas rigueur…

Aujourd’hui, je me dis que seule la victoire est satisfaisante. Mais que ma dixième place est belle. Parce que derrière cette course-là, il y a cette histoire incroyable avec Matthieu Perraut et InterInvest et toute l’équipe de fous furieux qui ont contribué à me donner une seconde chance. Ces valeurs humaines, primaires, collectives, spontanées, qui font du bien, quoi qu’il arrive. Même en finissant dernier, ça aurait été beau. Même en ne finissant pas, ça aurait été beau d’avoir essayé.

Mais en plus, il y a aussi eu du beau ailleurs. Des vrais moments de plaisir intense dans la glisse, de régate au contact sur un bateau parfaitement préparé – et je n’aurais pas fait ces remontadas sans l’incroyable travail de l’ombre d’Arno Biston, qui a chouchouté ce bateau comme si c’était le sien - des placements et des stratégies dont je ne veux pas rougir, un rythme toujours perfectible mais valable à mes yeux, un bon mental stable qui m’a permis de rester dans ma bulle malgré les péripéties. De la résilience à l’état pur, où quand tu te prends une baffe tu ne te caresses pas la joue pendant deux-trois heures en te disant que ça fait mal quand même. Tous ces moments où je me suis senti parfaitement aligné, heureux, concentré. A ma place, ou en tous cas à la bagarre pour me la faire, cette place.

Il y a les coups du sort, et il y a ce qu’on en fait. Cette fois encore, ça a cassé et, comme le dit l’adage, ce n’est donc pas passé. C’est dur, surtout pour un passionné de technique comme moi, maladivement obsédé par la mécanique… Mais je me suis battu avec ce que j’ai reçu, et j’ai la sensation d’en avoir tiré le meilleur parti possible. Que les neuf noms devant moi au classement auraient aussi pu l’être sans avoir rien cassé, parce que ce sont tous de très très bons, et qu’il en manque même quelques-uns dans la liste.

Enfin, depuis depuis mon arrivée, j’ai eu le temps de rallumer mon téléphone, de remonter le fil de ces réseaux sociaux, de lire vos messages, rire à vos photos, vidéos…. Et c’est complètement cliché, mais je me suis pris en pleine tête cette vague encore plus grande et forte que toutes celles qu’on a pu prendre les fronts de l’Atlantique Nord – quoique, il y en avait certaines vraiment vraiment costauds ! … Ca aussi, c’est sacrément beau quand même, de vous savoir tous là, derrière vos écrans.

Alors je partage cette place, ce top 10, ces re-remontadas, ces euphories et ces frustrations avec vous, et tout particulièrement avec mes partenaires qui l’ont vécu quasiment aussi intensément que moi : les équipes de Project Rescue Ocean, Intech, CAPZA, Uship Accastillage, EFESO Consulting et SMR, mais aussi B&G, Helly Hansen, Den Ran, All purpose, JPS productions, Forward WIP… Sans eux, il n'y aurait pas de projet. 

Du coup, on remet ça dans quatre ans les amis ?
 

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