Une rentrée de poil à gratter, et un podium sur la RORC Caribbean600 !

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C’est la reprise de la saison pour le Class40 Project Rescue Ocean ! Et avec elle, son lot de questionnements et d’excitation pré-course: comment ça va se passer ? quelles voiles va-t-on utiliser ? va-t-on réussir à tirer notre épingle du jeu face aux concurrents ? Le lot de tout marin qui se pose des questions tout en essayant de ne pas trop s’en poser, parce que de toutes façons il y a trop de bricolages de dernière minute pour avoir le temps de cogiter, sauf que le cerveau humain arrive parfois à faire deux choses en même temps… Bref, c’est la rentrée et ça bouillonne !

Du coup, on se concentre sur le tangible : le parcours de cette Caribbean 600. Une nouveauté pour moi, puisque je n’ai jamais eu l’occasion de me promener dans les Caraïbes comme ça, et je mesure pleinement ma chance de pouvoir écrire ces mots, rassurez-vous ! Enfant ultra gâté, je ne le contesterai jamais, mais pas ingrat j’espère, ou du moins pleinement conscient des opportunités qu’il s’est construit.

Le parcours façon Prison Break, et la vue qu'on espère offrir aux concurrents...

Un parcours de rêve 

Le parcours donc, qui s’annonce passionnant... Au-delà de la carte postale et des noms qui évoquent mille chansons ou tombes de Johnny, moi je vois surtout 600 milles de zigzags qui signifient manœuvres multiples et engagées, dévents des îles qui chamboulent façon grande loterie de la foire du 15 août, et globalement toutes ces petites curiosités de la nature qui font l’âme de notre métier et offrent toujours des opportunités pour être un peu plus malin que la concurrence… ou pas !

L’équipage, celui-là aussi on en est certains : il est chaud ! A mes côtés, il y aura Arno Biston, avec qui j’ai la chance de travailler depuis près d’un an maintenant. Il connaît parfaitement le bateau, mais ce sera sa toute première régate en Class40, puisqu’il n’a fait ses classes jusque-là qu’en Mini… avec de brillants résultats ! La troisième recrue, c’est Alexandre Delemazure, CEO de mon partenaire Westlake Plastics, mais surtout passionné d’eau salé et de bateaux qui tracent… mais qui navigue pour la première fois sur un Class40 ! Pour résumer : on compense notre inexpérience commune par une insolente envie d’aller se bagarrer, et sur un malentendu ça pourrait même bien se passer pour nous !

 

2023, et toujours autant d'admiration pour cette petite fusée bleue !

Un slalom en sprint 

Coup de sifflet ! On part au près d’Antigua, lundi 20 février. Suis-je vacciné par mon départ de la Route du Rhum légèrement anticipé ? En tous cas, on est prudents. Plus de 70 beaux (et gros) bateaux autour de nous, on va éviter de faire la boule de bowling d’entrée de jeu. Malgré ça, on se retrouve pas trop mal de la flotte des Class40 avec un passage en tête de la première pointe Est de l’île.

Ensuite, grâce à des petits ajustements de trajectoire, Pirelli nous reprend la tête sur le bord de reaching entre Antigua et Barbuda. Vient alors le moment d’envoyer un spi, et tout le monde ne fait pas le même choix. Une partie des bateaux part d’un côté, et l’autre forcément de l’autre. Game is on !

Nous on va sans doute un peu trop loin, et surtout sur ce bord de portant, on ne met pas le grand spi car on est dans le range de vent plutôt soutenu pour cette voile-là, et je veux absolument la préserver pour la suite de la saison… donc on est sérieux et on la laisse dans son sac pour l’instant ! Et oui, la contrainte économique a forcément des conséquences aussi sur notre manière de travailler, comme pour tout le monde…

On fait donc ce bout de course sous medium, et c’était très intéressant de quantifier la perte à ce moment précis sur la concurrence… Très intéressant, mais pas agréable du tout ! On perd le contact, on se retrouve septième, et de mon côté… on va dire que je nourris le feu intérieur (qui est déjà à l’ordinaire un bon brasero) !

Mais c’est reparti pour un nouveau bord, sous le vent des îles de Saint-Kitts-et-Nevis, avec une jolie mer aplatie par cette barrière naturelle. Un gros bonheur, particulièrement adapté à la forme de carène des scows, donc on parvient à re-doubler des petits copains et on même à reprendre un peu de terrain sur les leaders, ce qui veut dire qu’on en a sous la pédale.

 

Un tryptique immersif dans la vie d'un marin en Bretagne. Pardon, aux Caraïbes. 

Les poils à gratter de retour dans le match

Ensuite, c'est l'heure de la figure de style avec un grand S à tracer. Traduction : une remontée face au vent jusqu’à Saint-Barth, puis une descente dos au vent jusqu’à Saint-Martin, puis une nouvelle remontée le long de Saint-Martin et Anguilla, avant d’enfin pouvoir redescendre. Le près étant notre point fort, on en profite pour se refaire un peu, on se dépatouille du VMG en forçant un peu la glisse et en naviguant bas, et nous voilà bord à bord avec Curium et Tquila (anciennement Banque du Léman) au moment du dernier virage…

 

Dans l'oeil du viseur, contents de revoir les copains...

Il faut alors choisir (et donc renoncer) : est ce qu’on va au milieu du canal, où il y a sûrement un peu plus de vent mais aussi un peu plus de mer ? Est-ce qu’on va jouer à la côté à l’abri de la mer tout en prenant le risque de s’engluer dans la molle en étant trop gourmand ? Assez rapidement, on fait le choix de la côte en enchaînant les virements, et ça nous réussit puisqu’on est de retour sur le podium à la fin de cette phase.

Et c’est parti pour la grande descente de la Guadeloupe, sous le patronage de cette fameuse Soufrière qui fait trembler les marins ! On avait travaillé sur la préparation de la course avec le météorologue Dominic Vittet (quel métier ingrat, toujours dans l'ombre et pourtant on ne ferait pas grand chose sans ces grands manitous des éléments) et ça nous a été d’une grande aide pour avoir de bons repères. Non seulement on recolle nos amis italiens, mais on passe même en tête aux Saintes !

Du près, des virements de bord, des grains dans la nuit caribéenne sans lune, et la meute aux trousses… on a toujours un mille et demi d’avance au passage de la Désirade, car un vilain nuage décide de nous empêcher de creuser l’écart ! Mais on ne lâche rien non plus, et on contient les poursuivants y compris autour de Marie Galante.

C’est parti pour les 80 derniers milles de reaching, dans un enfer de sargasses. Sur ce bord-là, on est clairement moins à l’aise que les deux bateaux plus récents. Pourquoi ? La faute à qui ? Il y a forcément une part du design, de la météo, de l'état de forme de l'équipe, de l'inspiration tactique... mais on a pris des notes et on a clairement des axes de travail ! Pas de doute : il va falloir se battre pour mériter les belles places cette saison, et continuer de travailler... Fin de l'histoire, on coupe la ligne en troisième position à une vingtaine de minutes du deuxième… un podium sans être largué par les deux premiers donc, et en ayant clairement la certitude d'être "dedans" !

En regardant le tableau global, on s’en sort donc plutôt bien. Les deux bateaux italiens ont joué devant tout du long, ce n’est pas illogique qu’on finisse derrière vu les cadors qu’il y avait à bord. Pour autant, on est contents de cette course de reprise, on est contents d’avoir joué les poils à gratter, on est contents d’avoir pris du plaisir et découvert de chouettes coins de planète, avec et contre des gens chouettes ! La prochaine fois, on essaie d'être plus nombreux en Class40 les copains ? 

 

Promis, on n'a pas fait tout ça (seulement) pour la bouteille de rhum de fin ! 

 

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